L’OCDE a publié début juillet 2016 un rapport intitulé « L’articulation entre productivité et inclusivité« . Il met l’accent sur les liens entre la baisse de la productivité observée dans les pays de l’OCDE ainsi que l’augmentation des inégalités qui témoignent de trajectoire de développement peu inclusives.

La premier chapitre fait un état des lieux du ralentissement de la productivité. Il en ressort que la productivité du travail était dans les années 2000 en augmentation de 3,5% pour les entreprises manufacturières à la frontière technologique, contre une augmentation de seulement 0,5% pour les entreprises manufacturières qui en sont éloignées. L’explication donnée est la captation d’une rente et la capacité à attirer les personnes qualifiées par les entreprises technologiques.

Le second chapitre examine l’augmentation des inégalités. L’écart s’est fortement creusé entre les 1% les plus riches – qui se sont fortement enrichis ces 30 dernières années – par rapport au revenu médian (légère augmentation) et aux plus bas revenus – qui ont stagné. Le système actuel favorise ce type de progression, du fait que les nouvelles technologies valorisent les hautes qualifications. Au delà du revenu, les inégalités de patrimoine sont sept fois plus importantes que les inégalités de revenus dans les pays de l’OCDE. Plus largement, il est également question du creusement des inégalités sur l’ensemble des dimensions du bien-être : la santé, l’éducation, accès à l’emploi, accès à la technologie etc…

Le troisième chapitre présent les liens entre productivité et inégalités. Il est montré comment ces deux aspects se nourrissent l’un l’autre, par exemple les 40% les moins riches investissent moins dans le développement de leurs compétences, ce qui les prive d’accès à l’emploi qualifié et donc de l’augmentation de leur revenu. Le numérique pourrait être un levier pour diminuer cette fracture grandissante, car l’accès à la compétence serait plus simple. La financiarisation de l’économie est également donnée comme cause des inégalités, car les investissements sont alors détournés du secteur productif et concentre la richesse « au sommet de l’échelle » ; privant les TPE/PME et les travailleurs peu qualifiés de l’accès au financement. Tous ces facteurs génèrent une spirale d’appauvrissement pour les régions qui n’avaient pas su augmenter leur productivité ; justifiant une fois de plus d’avoir une approche couplée productivité et inclusivité. Une approche territoriale et décloisonnée des politiques publiques doivent être privilégiée, tout comme la lutte contre les rentes et la corruption.

La rapport conclue que la croissance doit être mise au service de l’augmentation du niveau de vie. Effectivement ça fait du bien de la rappeler 😉 et ne peut s’empêcher de faire le lien entre cette vision et les Objectifs de Développement Durable de l’ONU (ODD) qui appellent à une approche transversale du développement, de l’industrie, du bien-être et de la préservation de l’environnement.