Après quelques années de recul marqué, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique en France semble reprendre de la vigueur. Un rebond qui, au-delà des chiffres, traduit des attentes plus profondes des consommateurs vis-à-vis d’une alimentation plus saine, plus transparente et plus durable.
1. Comprendre la stagnation du bio entre 2021 et 2023
Entre 2021 et 2023, le marché des produits issus de l’agriculture biologique a connu une phase de recul sans précédent, après plus d’une décennie de croissance continue.
Selon l’Agence Bio, cette stagnation s’explique d’abord par le contexte inflationniste : en 2023, 44 % des Français déclaraient se restreindre sur leurs dépenses alimentaires pour des raisons financières. Le bio, souvent perçu comme plus cher, a logiquement été l’un des premiers arbitrages des ménages en période de tension budgétaire.
À cela s’est ajoutée une érosion de la confiance dans les labels, parfois perçus comme complexes ou peu lisibles face à la multiplication des mentions environnementales (« local », « sans pesticides », « HVE »…). Les acteurs institutionnels, comme la FNAB, ont déploré un manque de soutien public structurant, alors même que la demande fléchissait.
Enfin, la crise de l’agriculture biologique a aussi été structurelle : après des années d’expansion rapide, la filière a souffert d’un déséquilibre entre production et consommation, avec des volumes disponibles supérieurs à la demande intérieure (source : Agence Bio – Rapport marché bio 1er semestre 2025).
2. De quels signes de rebond parle-t-on ?
Le début de l’année 2025 marque un retournement positif pour le bio.
Selon le Rapport de l’Agence Bio (1er semestre 2025), les ventes du premier semestre 2025 sont en hausse de 4,1% par rapport au premier semestre 2024
3. Pourquoi l’agriculture biologique repart maintenant ?
En autres facteurs pouvant expliquer ce rebond on peut citer :
- Une légère baisse de contraintes financières pour les ménages : la part des Français déclarant se restreindre sur leur budget alimentaire pour des raisons économiques est passée de 44 % en 2023 à 39 % en 2024 (Baromètre Agence Bio 2025).
- Un label clairement identifié dans une jungle de labels environnementaux : avec le nutriscore, le label AB est le mieux connu des consommateurs parmi les labels responsables.
- Crainte pour la santé et volonté de mieux manger : en 2024, 63% des consommateurs se sentent inquiets des effets de l’alimentation sur leur santé (+ 1pt par rapport à 2023). Dans le même temps, 74% considèrent que les produits biologiques sont meilleurs pour la santé.
4. Au-delà du label Agriculture biologique, un signal pour toute la transition alimentaire
Ce rebond pourrait donc marquer la fin d’une mauvaise passe mais la dynamique n’est pas encore assurée à moyen terme. Sa pérennité dépendra de la capacité de la filière à :
- Travailler sur l’accessibilité prix du bio,
- Bénéficier de support par l’ensemble de la chaîne de valeur et de l’écosystème (pouvoirs publics, distributeurs, agro-industriels, …),
- Renforcer les débouchés territoriaux (restauration, circuits courts, marchés publics).
Le retour du bio est une bonne nouvelle, non seulement pour la filière, mais aussi pour la transition agroalimentaire dans son ensemble.
Il illustre des attentes sociétales fortes autour d’une alimentation à la fois plus saine, plus éthique et plus respectueuse de l’environnement.
Les industriels et distributeurs ont donc un rôle clé à jouer : accélérer leurs démarches de durabilité, repenser leurs modèles de production et de distribution, et s’engager concrètement dans la reconquête de la confiance des consommateurs.
Parce qu’au fond, le rebond du bio n’est pas qu’une tendance de marché : c’est un signal de fond, celui d’une société qui cherche à mieux manger et à minimiser les impacts de l’industrie agroalimentaire sur l’environnement.
Pour initier ou renforcer votre démarche de durabilité, n’hésitez pas à nous contacter.