L’érosion de la biodiversité atteint une ampleur sans précédent selon les rapports scientifiques de l’IPBES. En parallèle, on estime à 7 000 milliards USD par an les flux financiers nocifs pour la biodiversité. Face à cette situation critique, les acteurs financiers sont de plus en plus sollicités pour intégrer la biodiversité dans leurs stratégies d’investissement et de financement, tout en s’alignant avec les demandes des cadres internationaux.
Quels sont les objectifs internationaux en matière de biodiversité ?
La Convention sur la diversité biologique (CBD) constitue le cadre international principal pour la protection de la biodiversité. Lors de la COP 15 à Montréal en 2022, 195 Etats, ainsi que l’Union européenne, ont adopté le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal (accord de Kunming-Montréal), qui vient décliner la CBD en objectifs pour la décennie, notamment :
- La protection de 30 % des terres et des mers d’ici 2030 (Cible 3).
- La réduction de 50 % des risques liés aux pesticides (cible 7)
- L’identification et la divulgation des risques, dépendances et impacts des entreprises et leur chaine de valeur sur la biodiversité (cible 15)
- L’identification et la suppression des financements néfastes à la biodiversité (cible 18)
- La mobilisation de 200 milliards de dollars par an pour financer la biodiversité (cible 19)
La COP 16 tenue en deux sessions a permis d’aboutir en février 2025 à des décisions concernant le financement de ces objectifs.
Les cadres de la CBD et de Kunming-Montréal sont donc étroitement liés, le cadre de la CBD apportant une vision à long terme et des grands axes d’engagement, alors que l’accord de Kunming-Montréal définit des cibles plus précises à horizon 2030.
Une stratégie d’investissement alignée avec les objectifs internationaux vise donc à identifier les cibles internationales les plus pertinentes pour un acteur selon la matérialité de ses enjeux. À terme, l’objectif est de réduire significativement les flux financiers nocifs pour la biodiversité.
Qu’est-il attendu spécifiquement des acteurs financiers sur la biodiversité ?
Les attentes réglementaires envers les acteurs financiers se renforcent, en particulier concernant leur reporting extra-financier au niveau européen et français, et leur demandent explicitement de prendre en compte la cadre mondial :
- La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) impose aux entreprises, y compris les institutions financières, de publier des informations détaillées sur les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), incluant les impacts sur la biodiversité. Si ceux-ci sont considérés matériels, l’entité doit publier son plan de transition et des cibles qui peuvent être alignées avec les objectifs internationaux, y compris le cadre de Kunming-Montréal.
- L’article 29 de la loi Énergie-Climat (LEC) cadre le reporting climat et biodiversité des acteurs financiers français. Il exige des acteurs la présentation d’une stratégie d’alignement avec les objectifs à long terme liés à la biodiversité. Il est notamment fait référence à l’alignement avec les objectifs de la Convention sur la diversité biologique (CBD).
Dans ce contexte, il est attendu des acteurs financiers de s’approprier les cadres internationaux pour construire une stratégie à la hauteur des enjeux. Le cadre de Kunming-Montréal vient nourrir l’ensemble de la stratégie d’investissement et de gestion des risques de l’acteur, pour assurer l’alignement des acteurs financiers avec la hauteur des enjeux.
Comment s’aligner sur les objectifs biodiversité mondiaux ?
Les actions d’alignement avec les objectifs de Kunming-Montréal peuvent se décliner en plusieurs axes :
- Travailler sur sa stratégie de financement (cibles 18 et 19)
- Financer la transition de l’économie et accompagner les entreprises (cibles 10, 12, 15, 16)
- Travailler sur la réduction des impacts des entreprises (cibles 1, 3, 5, 6, 7, 8, 9, 11)
- Participer au financement de la conservation & la restauration des écosystèmes (cibles 1 à 4)
- Travailler sur la mesure d’impact (cibles 14, 15, 21) et la coopération avec les différentes parties prenantes (cibles 20, 22 et 23).
Ces axes d’actions permettent aux acteurs financiers d’identifier les actions pertinentes pour répondre aux demandes internationales
Vers une finance engagée pour le vivant
En s’alignant sur les engagements internationaux et les exigences réglementaires, les acteurs financiers renforcent leur stratégie de durabilité et contribuent activement à la préservation de la biodiversité. Cette transformation est non seulement une réponse aux attentes sociétales et réglementaires, mais aussi une opportunité stratégique pour anticiper les risques financiers liés à la dégradation du vivant et créer de la valeur durable.
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