La COP30, qui s’est achevée le 22 novembre au Brésil, était un point d’étape important dix ans après après l’adoption historique de l’accord de Paris. Dans un contexte géopolitique plus que jamais sous tension et face à une offensive populiste contre la transition écologique, un accord a été trouvé sans répondre à toutes les attentes, notamment sur les sujets des énergies fossiles et de la déforestation.
Que retenir pour les entreprises et collectivités souhaitant aujourd’hui participer à l’effort collectif de décarbonation, d’une adaptation absolument nécessaire, d’une nouvelle sobriété mondiale souhaitable, alors que le dépassement au-delà de +1,5°C est en voie d’être atteint sur le continent européen ?
Les acquis à retenir de la COP30
Malgré un texte final jugé insuffisant au regard de l’urgence climatique, la conférence a permis plusieurs avancées importantes. La France et l’Union européenne ont obtenu la réaffirmation du rôle de la science pour guider la mise en œuvre des plans climatiques et un nouvel objectif ambitieux : tripler les financements dédiés à l’adaptation climatique d’ici 2035, misant fortement sur le co-financement du public et du privé. Cette dynamique présente des opportunités concrètes pour les collectivités les plus exposées aux risques climatiques, notamment avec la mise en place opérationnelle du fonds “pertes et dommages”.
Pour les entreprises, la COP30 a permis d’adopter 59 indicateurs permettant de mieux évaluer les progrès dans la réduction des émissions, tout en confirmant le soutien aux pays les plus vulnérables, où la solidarité des grands émetteurs doit s’amplifier. Autres avancée pour la gouvernance climatique : la société civile, les entreprises et les élus locaux ont été reconnus comme acteurs clés de la transition bas carbone.
Il est encourageant de voir le rôle renforcé des territoires. Pour la première fois, une large majorité des nouvelles contributions climatiques nationales mentionnent explicitement les villes et autres acteurs locaux comme leviers centraux de la transition. La France, particulièrement active, a promu la lutte contre la désinformation, l’intégration de l’océan dans les politiques climatiques, et le développement de marchés carbone exigeants. L’engagement sur la transition juste et la création du Mécanisme d’action de Bélem inscrivent enfin la question sociale et humaine au cœur de l’écologie.
La COP30 a également établi le Mécanisme d’action de Bélem, un accord qui engage à une transition juste, intégrant les droits des travailleurs et travailleuses, des petits producteurs agricoles, des communautés rurales et des personnes vulnérables, un point majeur pour assurer que la transformation soit équitable.
Sortie des énergies fossiles et fin de la déforestation : les défis persistent
Malgré la pression de la part de la France et de l’Union européenne pour travailler sur des feuilles de route pour sortir progressivement des énergies fossiles et mettre fin à la déforestation, deux enjeux majeurs pourtant clairement identifiés, ces dernières n’ont pas été prises en compte dans l’accord final. Des fonds importants ont été débloqués pour préserver les forêts tropicales, mais les engagements restent largement volontaires.
Les entreprises et territoires n’attendent plus
Le bilan est donc mitigé, mais sur le terrain, les acteurs économiques et territoriaux avancent. Le secteur industriel, responsable de 24 % des émissions dans le monde, s’engage dans une stratégie de décarbonation. C’est une opportunité pour repenser nos modes de production, en adoptant des pratiques plus responsables, intégrant les principes low-tech et la régénération des écosystèmes.
En France, le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) a été lancé en mars 2025. Il fournit un cadre structuré et prévoit des financements et moyens techniques pour accompagner entreprises et collectivités dans leur transformation, notamment dans les zones les plus menacées comme les littoraux, les montagnes, les forêts et l’agriculture. Elles sont encouragées à se saisir d’outils tels que Diag Adaptation et ACT Adaptation, et à développer des plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET).
La feuille de route sur la déforestation devra attendre, mais pendant ce temps le réglement européen sur la déforestation importée (RDUE) progresse pour les entreprises et institutions financières, avec une vigilance forte sur la chaîne d’approvisionnement et des sanctions significatives pour garantir son respect.
Plus de 10 ans après sa création, l’initiative Science Based Targets (SBTi) continue à donner le cap des trajectoires de décarbonation des entreprises et des objectifs climatiques “net zéro”. En 2025, elle a ouvert un vaste chantier de révision de son Corporate Net-Zero Standard, pour laquelle une consultation est en cours.
Perspectives : continuer la mobilisation et renforcer les engagements
La COP30 témoigne que malgré les blocages et certains faibles compromis, la transition bas carbone est irréversible et source d’opportunités économiques et sociales. La coopération internationale reste cependant un espace de dialogue privilégié pour s’aligner sur un socle commun.
La mobilisation des entreprises, investisseurs, territoires et de la société civile indique une prise de conscience grandissante. La poursuite d’initiatives concrètes et la montée en puissance des systèmes de mesure et gestion du climat sont des leviers indispensables pour que les engagements deviennent des actions effectives.
Il appartient à chaque acteur de continuer à soutenir une vision régénérative du monde, en cohérence avec les objectifs internationaux, en s’engageant vers plus de circularité, de sobriété et de résilience.