L’industrie cosmétique française se transforme profondément sous l’impulsion des enjeux environnementaux et sociétaux. Toujours très dynamique, le secteur montre depuis quelques années sa capacité à intégrer le développement durable comme un levier stratégique pour la compétitivité, l’innovation et la réputation des marques, notamment grâce à l’action de différentes organisations sectorielles, dans un esprit plus collaboratif et d’actions collectives.

Réduction de l’empreinte environnementale et gestion des ressources de la cosmétique 

La consommation de plastique, l’utilisation de l’eau et l’impact sur la biodiversité sont au cœur des enjeux du secteur, et la filière a mis en place des programmes ambitieux pour :

  • Réduire l’usage de plastique dans les emballages et favoriser des formats rechargeables ou réutilisables. L’objectif collectif, porté notamment par la FEBEA avec son « Plastic Act », consiste à diminuer la quantité de plastique utilisé, à incorporer de la matière recyclée et à atteindre 100 % de recyclabilité pour les emballages.
  • Optimiser la consommation d’eau dans les formulations et la production. Les guides de bonnes pratiques publiés notamment par des ONG recommandent des produits concentrés ou solides et la mise en place de boucles fermées pour le traitement de l’eau en usine.
  • Préserver la biodiversité, avec des filières d’approvisionnement durables et la protection des ressources naturelles utilisées dans les formules. Des partenariats scientifiques, comme celui entre Cosmetic Valley et le Cirad pour le projet “Cosmétopée”, visent ainsi à étudier et valoriser les plantes locales tout en respectant l’écosystème.

Traçabilité et transparence des chaînes d’approvisionnement pour la cosmétique durable 

La traçabilité est devenue un enjeu stratégique pour réduire les risques sociaux et environnementaux et renforcer la confiance des consommateurs et des investisseurs. Plusieurs initiatives permettent de mieux prendre en compte ce sujet :

  • Le consortium TRASCE, regroupant de grandes marques et des fournisseurs, vise à cartographier les chaînes d’approvisionnement et garantir la provenance responsable des ingrédients et emballages.
  • Dans le cadre de la CSRD, les analyses de double matérialité ont permis d’identifier spécifiquement les Impacts, Risques et Opportunités (IROs) environnementaux, sociaux et de gouvernance prioritaires pour structurer le reporting des entreprises et surtout adapter la stratégie des marques pour prendre en compte des enjeux de leur chaîne de valeur qui n’avaient peut-être pas été totalement intégrés jusque-là.
  • La “Fresque de la Cosmétique”, développée en collaboration avec plusieurs marques et la FEBEA, permet aux équipes internes (R&D, marketing, achats, RSE) de visualiser les impacts environnementaux et sociaux de leur activité sur l’ensemble de la chaîne de valeur, et de tester des solutions innovantes et concrètes pour les prendre en compte.

Innovation produit et packaging durable

On constate que les marques de cosmétiques investissent de façon importante dans des solutions qui allient performance et responsabilité environnementale, notamment pour traiter les sujets liés :

  • Aux matériaux, qui doivent être recyclés et recyclables, par l’utilisation de plastique PCR, de verre recyclé ou d’aluminium, pour réduire l’empreinte écologique.
  • Au contenant, l’un des sujets prioritaires pour l’industrie, que les marques sont de plus en plus nombreuses à vouloir rendre réutilisable et rechargeable. Des marques proposent ainsi des boîtiers durables, permettant de limiter la production de nouveaux contenants, à l’image du consortium « Pharma-Recharge », regroupant cinq laboratoires dermo-cosmétiques proposant 15 produits emblématiques de leurs gammes à recharger en pharmacie dans un flacon unique en verre.
  • Aux packagings biodégradables ou compostables : biopolymères d’origine végétale et emballages à base de fibres naturelles sont testés sur des gammes de niche.
  • A l’optimisation des formats et au minimalisme : réduction des couches d’emballage, allègement des flacons, suppression des surboîtes inutiles ou encore des films plastiques de protection.
  • Au smart packaging, avec des QR codes et puces RFID pour informer les consommateurs sur la recyclabilité et les consignes de tri.

Ces innovations représentent un levier économique et marketing majeur, en particulier pour séduire des consommateurs sensibles aux enjeux de durabilité.

Collaboration et structuration collective

Dans ce secteur très concurrentiel, la stratégie de développement durable se construit de plus en plus collectivement, via des alliances entre acteurs de toute taille :

  • Les groupements de branches et d’insdutriels (FEBEA, COSMED, etc.) organisent des ateliers, outils et guides pour partager les bonnes pratiques et solutions durables pour favoriser leur déploiement à grande échelle.
  • Les pôles de compétitivité et initiatives intersectorielles offrent des espaces pour l’innovation, la formation et l’échange sur les enjeux environnementaux et sociétaux. C’est le cas avec le projet de la Maison de la Cosmétique porté par Cosmetic Valley (le pôle de compétitivité de la filière parfumerie-cosmétique) qui se prépare à Chartres (ouverture prévue fin 2028) : un futur espace dédié à l’innovation, le patrimoine, la culture, la formation et la valorisation des savoir-faire de l’industrie cosmétique française.
  • Les programmes de mécénat et les partenariats scientifiques financent la protection de la biodiversité et les alternatives aux ressources critiques. Ainsi le Groupe L’Occitane s’est associé à Kering pour lancer le Climate Fund for Nature, un fonds dédié à la conservation de la nature, au soutien de pratiques agricoles régénératives et à la restauration d’écosystèmes dans les zones d’approvisionnement de matières premières.

Enjeux économiques et compétitivité

Le développement durable n’est pas seulement un impératif éthique : il conditionne également la compétitivité économique :

  • Les marques responsables peuvent justifier des prix premium, renforcer leur image et attirer des investisseurs ESG.
  • La réduction des matières premières, la réutilisation des emballages et l’optimisation logistique contribuent à réduire les coûts opérationnels.
  • La conformité aux réglementations européennes (CSRD, restrictions chimiques, EPR) réduit le risque légal et assure l’accès à des marchés internationaux qui restent exigeants.

 

L’industrie cosmétique française démontre que développement durable et performance économique peuvent avancer de concert. À travers la réduction de l’impact environnemental, la traçabilité, l’innovation produit et packaging, ainsi que la structuration collective, le secteur se positionne comme un exemple de transition responsable. Les initiatives des groupements, des marques et des structures collectives incarnent cette volonté de transformer les ambitions durables en pratiques concrètes et mesurables pour l’ensemble de l’industrie.