Les pluies au printemps 2017 ont été bénéfiques pour la végétation mais pas suffisantes pour assurer une recharge des nappes. Avec la sécheresse survenue cet été, les niveaux de nappes ont été en baisse. Le gouvernement français a souhaité développer une politique de gestion durable de l’eau sur le territoire, en prenant des mesures afin d’éviter que la période critique de sécheresse ne devienne une norme d’ici 2050. 

Les deux tiers des nappes phréatiques (le plus gros réservoir d’eau potable de notre planète) affichent un niveau bas voire très bas. « Cette situation de basses eaux n’est pas totalement inhabituelle pour cette période de l’année mais se révèle tout de même assez dégradée », d’après le bulletin publié par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Pour information, la nappe phréatique, également appelée nappe aquifère, est une réserve d’eau qui se trouve sous la surface de la terre au-dessus d’une poche de terre imperméable. L’eau douce, présente notamment dans les rivières et les lacs, propre à la consommation pour les humains, est stockée à 95% dans les nappes phréatiques. Entre 25% et 40% de l’eau que nous consommons sont issus de ces nappes. Les mesures de restriction des usages de l’eau entreprises par le gouvernement français cet été sont maintenues dans certaines régions.

Source : Aquaportail

Suite à la période de sécheresse qui a touché la France, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, ont présenté le 9 août dernier leurs axes d’action sur la gestion des ressources en eau sur le territoire national. Dans 82 départements, des arrêtés préfectoraux ont été édités pour réduire l’usage de l’eau. 30 d’entre eux ont imposé l’arrêt des prélèvements d’eau non prioritaires (lavage de voiture, arrosage de jardins, remplissage des piscines…). Les entreprises, les citoyens ainsi que les services publics sont invités à s’engager dans une démarche d’économie d’eau. Cette politique de gestion de l’eau doit se faire durablement pour préserver les ressources naturelles, notamment pour mieux prendre en compte le changement climatique. Pourtant des dérogations sont accordées pour les usages économiques de l’eau, afin de faire face à l’indisponibilité de la ressource en eau. France Nature Environnement dénonce ces moyens à court terme, expliquant dans un communiqué qu’ils ne sont pas des solutions durables.

La restriction d’eau : une fausse bonne idée ?

Comme l’indique Nicolas Hulot, « l’eau est un bien commun » qu’il convient de partager de manière équilibrée en fonction de la ressource disponible, entre les différents acteurs de la société nécessitant de l’eau pour fonctionner (production d’eau potable, industrie et agriculture). Dans son communiqué, France Nature Environnement rappelle que la loi donne « la priorité à l’eau potable, puis vient la part d’eau nécessaire à la survie des milieux naturels. Les usages économiques liés à l’eau ne viennent qu’en 3ème position ». Malgré la situation de sécheresse, « des dérogations sont accordées tout azimut, notamment pour les agriculteurs ». Pour y remédier, le Gouvernement propose donc la restriction d’eau pour le secteur agricole. Une solution pas si durable que ça…

France Nature Environnement considère que les retenues d’eau ne sont pas la solution, expliquant qu’elles « peuvent elles aussi se retrouver à sec, c’est pourquoi elles ne sont pas une solution viable ». Sans ajouter qu’elles « ne sont pas non plus sans impacts environnementaux ». Il serait plus intéressant de réfléchir au changement de pratiques agricoles, afin d’« évoluer vers des cultures moins gourmandes en eau et mieux adaptées aux conditions climatiques locales ; ce n’est pas l’eau qui doit s’adapter à l’homme et à ses besoins, quels qu’ils soient, mais c’est bien à l’homme de s’adapter aux ressources que la Terre lui offre, dans le respect d’un équilibre aujourd’hui trop fragilisé ».

Au delà du monde agricole, les entreprises n’ont pas encore eu leur prise de conscience sur les enjeux liés à l’eau. Diminuer sa consommation d’eau ou augmenter la qualité de ses rejets d’eau sera nécessaire pour ne pas faire subir au tissu économique des risques de rupture d’approvisionnement en eau par exemple, pouvant conduire à l’arrêt temporaire ou définitif de telle ou telle activité. Pour connaitre sa dépendance ou son impact sur l’eau, et ainsi mesurer son niveau d’exposition au « risque eau », les outils existent comme le calcul de l’empreinte eau… mais ils restent malheureusement trop peu connus et utilisés par les chefs d’entreprise.

Accentué par le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, l’enjeu « eau » doit remonter dans les priorités des décideurs !

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