Le 2 avril 2015, France stratégie, l’organisme de réflexion, d’expertise et de concertation placé auprès du Premier ministre, organisait un colloque sur le thème de l’intégration des externalités environnementales dans le calcul socioéconomique. La matinée était consacrée aux questions de biodiversité et l’après-midi, à celles de climat.
La journée à été introduite par Robert Guesnerie, professeur au Collège de France, il a rappelé les intérêts du calcul économique dans la prise de décisions publiques, notamment dans le cadre de la recherche de transparence et d’efficacité. Les invités ont ensuite pu exposer leur point de vue en ce qui concerne le calcul des externalités liées à la biodiversité.
Bernard Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et Biodiversité, est revenu sur la démarche qui a conduit à considérer les services écosystémiques comme une mesure correcte de la biodiversité. Il a également porté un regard critique sur cette approche, notamment en raison des biais méthodologiques dans l’évaluation, des problèmes de dissociation entre gagnants et perdants dans la production d’un chiffrage économique global et un problème démocratique, dans le sens où une présentation analytique est plus propice au débat que le calcul d’une VAN (Valeur Actuelle Nette). Il a également présenté une classification des services écosystémiques selon le lieu de leur usage, dans l’objectif de proposer un alternative à celle produite par le MEA (Millenium Ecosystem Assessment).
Jean-Michel Salles, chercheur au CNRS, est revenu sur l’historique et les perspectives de l’estimation de la valeur de la biodiversité. Il a notamment évoqué de nombreuses questions relatives à l’évaluation économique des services écosystémiques : faut-il intégrer leur valeur dans les comptabilités des projets ou dans celle des nations, qu’est ce qui crée de la valeur dans un écosystème ? Malgré tout, il a soutenu l’utilisation du calcul économique, car il permet d’attirer l’attention sur la pluralité des services écosystémiques.
Michel Dubromel , de France Nature Environnement, a tenu à nuancer l’utilité du calcul économique. En effet, il a défendu la nécessité d’appliquer au préalable à l’évaluation économique, la doctrine ERC (éviter, réduire, compenser). Dans le cas où il serait nécessaire d’évaluer la valeur de la biodiversité, il préconise de préférer une analyse multicritères au calcul économique.
A l’inverse, Dominique Bureau, membre du Conseil Economique de Développement Durable, s’est positionné comme un défenseur du calcul économique, notamment dans la logique de l’application de la doctrine ERC. Un autre avantage qu’il a évoqué est qu’il pourrait permettre aux entreprises d’appréhender plus facilement leurs dépendances à la biodiversité.
On peut ainsi se questionner sur la nécessité de poursuivre le travail engagé dans l’amélioration des techniques d’évaluation socio-économique de la biodiversité, notamment sur le cadre d’application de celui-ci. En effet, le débat était principalement centré autour de l’utilisation qui devait être faite de ces calculs pour ne pas être contreproductif.
Maximilien et Nicolas