L’année 2025 marque un tournant dans la prise de conscience par les entreprises des effets du changement climatique en France. Les conséquences sont perceptibles : Inondations récurrentes, tempêtes violentes, feux de forêts d’ampleur inédite, vagues de chaleur persistantes ou encore glissements de terrain et recul du trait de côte illustrent la vulnérabilité croissante de nos territoires. S’ajoute à cela le constat unanime du GIEC selon lequel le réchauffement planétaire a franchi le seuil critique de +1,5 °C, fracturant non seulement les accords de Paris, mais rendant aussi indispensable la mise en place de mesures ambitieuses pour adapter nos infrastructures et préparer les territoires à un réchauffement à +4°C.
Dans ce contexte, la publication du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) / en mars 2025 marque une étape déterminante. Centré sur l’intégration de la trajectoire de réchauffement de référence à +4 °C d’ici la fin du siècle, ce plan place l’aménagement du territoire et la résilience des infrastructures au cœur de la stratégie nationale.
Le secteur du BTP, fortement émetteur de gaz à effet de serre et acteur incontournable de la transformation urbaine et territoriale, se trouve ainsi en première ligne. Sa capacité à réduire son empreinte carbone tout en adaptant le bâti et les infrastructures aux aléas futurs en fait un levier essentiel pour assurer la transition vers des territoires plus résilients.
Vulnérabilité structurelle du secteur du BTP face aux changements climatiques
1. Quelques chiffres clés : (source – webinaire APC)
- Le secteur du BTP est responsable de 17% des émissions françaises (construction et exploitation).
- La SNBC prévoit un objectif de réduction de -95% des émissions des bâtiments à horizon 2050
- 2/3 des surfaces artificialisées sont liées à la construction de nouveaux logements
- 16% du parc du bâti est considéré comme des passoires thermiques, soit 5 millions de résidences principales
- 10 millions de maisons sont fortement ou moyennement exposées au risque de retrait argileux
- La France est le 5e pays avec le plus de pertes humaines par an lié aux événements météorologiques extrêmes
2. Aléas climatiques
Le BTP est confronté à une multitude d’aléas croissants. Ces phénomènes menacent la robustesse des infrastructures construites selon des normes anciennes, peu adaptées aux nouvelles contraintes climatiques. L’Observatoire de l’Immobilier Durable en recense 6 :
- Vagues de chaleur
- Sécheresse et retrait gonflement d’argile
- Submersion marine
- Inondation
- Tempêtes
- Feu et incendie
3.Vulnérabilité des bâtiments aux aléas : un bâti mal préparé, et des coûts faramineux
Le parc immobilier ancien, surtout en zones rurales ou périurbaines, reste largement inadapté aux aléas climatiques : drainage insuffisant, isolation thermique faible, matériaux peu résistants à l’humidité ou à la chaleur extrême… Cette fragilité accentue les risques de dommages structurels et de vulnérabilité face aux épisodes extrêmes.
Le retrait et gonflement des sols argileux (RGA) par exemple, menace environ 10 millions de maisons individuelles en France -Soit plus de la moitié du parc individuel- (source : Actu environnement). Les aléas climatiques posent ainsi des risques assurantiels : Selon la fédération France Assureurs, les pertes financières liés au risque RGA est estimé à 1,5 milliards par an soit environ 0,06% du PIB Français. Plus globalement, l’Association française de l’assurance estime que le coût des dommages matériels liés au climat pourrait augmenter de 90 % d’ici 2040. (Source : OFB) En parallèle, le cout d’indemnisation liés aux catastrophes naturelles augmentent considérablement, mettant en péril certaines communes comme est le cas des 1500 communes françaises qui auraient vu ainsi leur contrat résilié ou leurs franchises s’envoler (source : Le Monde). France Stratégie – Haut commissariat au plan évoquait même, dans un rapport de MAI 2025, l’idée d’une sécurité sociale climatique pour faire face à l’ampleur des dommages prévisibles.
Le PNACC-3 : le rôle crucial du BTP dans l’adaptation de la France à +4 °C
La situation est sans appel : en l’absence d’actions fortes, le réchauffement climatique pourrait coûter à la France jusqu’à 10 % de son PIB d’ici 2100 et déstructurera les secteurs économiques, tout en menaçant près de 500 000 logements en raison du recul du trait de côte. C’est dans ce contexte alarmant que le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) remet en question les politiques actuelles de prévention et de protection, afin de mieux protéger les populations et préserver les biens face à l’aggravation des risques climatiques.
Ce Plan national d’adaptation positionne le secteur du bâtiment et des travaux publics comme un levier stratégique, intégré de manière transversale aux politiques d’aménagement du territoire. Parmi les mesures phares proposées par le PNACC 3 on retrouve :
- L’intégration progressive de la TRACC (+4 °C) dans les documents d’urbanisme et planning territorial (PLU, SCoT, PCAET…)
- Révision des règles et diagnostics, dont le DPE, pour intégrer le confort thermique en rénovation et renforcer l’adaptation des logements neufs aux fortes chaleurs, avec un ajustement possible des seuils RE2020 selon les résultats des études en cours
- Une plateforme numérique recueillant les attestations de conformité aux pratiques constructives liées au RGA pour les maisons neuves, afin d’en évaluer la pertinence technique.
- Un plan national de lutte contre les inondations et la généralisation du Build Back Better
- Adaptation du régime BTP intempéries, qui mutualise les risques climatiques en finançant partiellement l’indemnisation obligatoire des salariés du BTP lorsque le travail est interrompu pour des raisons de sécurité ou de santé liées aux conditions atmosphériques
- Des recommandations pour les Architectes des bâtiments de France pour concilier la protection solaire et le respect de la qualité architecturale
- Un soutien aux opérations d’aménagement et de rénovation tenant compte de l’adaptation aux changements climatiques
Ces perspectives vont demander à l’ensemble des entreprises du BTP, des majors aux PME, tout comme les artisans, de repenser leur stratégie, de faire évoluer leur métiers et de se préparer à déployer massivement des pratiques toujours plus durables.
En 2025, face à une multiplication inédite d’aléas climatiques, le secteur du bâtiment se trouve au centre de l’enjeu national d’adaptation. Le PNACC-3, avec sa trajectoire à +4 °C, ses directives pour intégrer le risque climatique dans l’aménagement, et ses outils de gouvernance, offre un cadre stratégique indispensable. Pour le BTP et l’Immobilier, cela signifie :
- Accompagner les acteurs (collectivités, maîtres d’ouvrage, promoteurs) dans la conformité aux nouvelles normes d’aménagement
- Diagnostiquer le bâti existant et proposer des stratégies de rénovation ciblées
- Intégrer résilience, adaptation et maîtrise carbone dans les projets immobiliers
- Prendre en compte les enjeux biodiversité et ressources pour repenser les projets
- Renforcer des pratiques RSE centrées sur la durabilité territoriale et la maitrise de la chaine de valeur
Ce positionnement fait du BTP Immobilier un secteur clé pour renforcer la résilience des territoires français, en phase avec les exigences du PNACC-3 et des enjeux climatiques actuels et futurs. BL évolution a développé une expertise pointue pour accompagner l’ensemble des entreprises du secteur dans la maitrise des enjeux et pratiques de durabilité.