L’économie circulaire est plus que jamais au coeur de l’actualité. La France agit de plus en plus en faveur de ce concept, comme c’est le cas à Paris. Et ce phénomène n’est pas prêt de s’arrêter à l’échelle nationale puisqu’il s’étend plus généralement à l’Europe. Focus sur les différentes initiatives.

L’économie circulaire promeut l’éco-conception des produits, le réemploi, la réutilisation et le recyclage, la limitation de consommation des matières premières et lutte aussi contre l’obsolescence programmée. Et les bénéfices sont visibles partout : sur le climat (réduction de plus de 14% des émissions annuelles), au niveau social avec la création d’emplois mais aussi au sein de l’environnement ! Du côté des Français, nombreux sont ceux qui déclarent être attentifs à l’impact environnemental des produits qu’ils consomment, selon une étude ELABE réalisée en octobre 2016 pour Ecofolio. Parmi le panel interrogé, 9 Français sur 10 affirment que l’économie circulaire doit faire partie des priorités politiques mais seuls 7% estiment savoir aujourd’hui ce qu’est une économie circulaire. Un chiffre bien faible quand on est convaincu qu’elle contribue à la croissance économique et à la préservation de l’environnement. Et certains l’ont bien compris… 

70% des déchets municipaux doivent être recyclés d’ici 2030

Le Parlement européen a adopté le 14 mars dernier un ensemble de directives en faveur de l’économie circulaire, avec des propositions portant sur les déchets, les emballages, les véhicules hors d’usage et les déchets électriques et électroniques. La mise en place de ces réformes met en avant le recyclage et la mise en décharge, luttant ainsi contre l’obsolescence programmée et limitant la production de déchets. Ce nouveau “paquet” législatif se substitue au précédent, présenté le 2 décembre 2016 par l’exécutif européen, qui avait suscité des critiques de certains députés européens et ONG, notamment au niveau du recyclage et de réduction des déchets.

Ce qui a donc été revu : la gestion de déchets, le recyclage, le réemploi, le gaspillage alimentaire, les déchets marins et la mise en décharge, notamment. Désormais, les déchets retrouvés en mer doivent être réduits de moitié et 70% des “déchets municipaux” doivent être recyclés ou préparés en vue de réemploi d’ici à 2030. A cette date, la Commission propose de réduire à 5% la quantité de déchets municipaux mis en décharge (contre 10% auparavant). Ne devront être acceptés par la suite, dans les décharges, que les déchets municipaux résiduels non dangereux. Concernant les biodéchets et les textiles, une collecte séparée devrait être mise en place en 2020. Le gaspillage alimentaire, quant à lui, devrait être réduit de 50% d’ici à 2030.

Où en est la France dans le traitement des déchets ?

La France ne traiterait pas correctement les déchets électroniques empoisonnés au brome, très toxiques pour l’environnement et l’homme. Selon un rapport publié le 20 mars par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), « l’ensemble de la filière plastique a été empoisonnée par le brome ».

Le brome, connu pour être présent uniquement dans les écrans et petits appareils électroniques, a été retrouvé dans les outils électriques, les systèmes d’éclairage, les gros électroménagers et même dans les jouets ! Toutes les pièces plastiques contiennent du brome dans 39% des appareils électriques et électroniques. Coup dur pour le traitement des déchets ! Pourtant, une directive européenne impose depuis 2006 de séparer les plastiques bromés des autres. Lorsqu’ils sont classés « dangereux » et « polluants organiques persistants » (POP), ils ne peuvent pas être recyclés, mis en décharge ou incinérés. Heureusement que l’Hexagone redore son image de mauvais élève avec des initiatives dans la capitale notamment.

Plus largement, il faudra tout de même mener une réflexion sur les limites du modèle. Peut-il s’appliquer à tous les secteurs et à toutes les ressources ? Comment la biodiversité est prise en compte ? Y’a-t-il un « effet rebond » à craindre ? Quels enjeux RSE, notamment sur les conditions de travail et les risques, dans ces filières ? Vous pouvez vous référer sur les travaux en cours de la Plateforme Nationale RSE et dont les conclusions devraient être publiées avant fin 2017.

Un quartier d’affaires à économie circulaire à Paris ?

La ville de Paris et la RATP (Régie autonome des transports parisiens) se sont associés sur un projet pilote visant à développer un quartier d’affaires entièrement dédié à l’économie circulaire. Situé entre deux grandes gares parisiennes : gare de Lyon et Austerlitz, le “Quartier des Deux Rives” serait le premier du genre à émerger en France. On espère voir s’améliorer des pratiques, notamment en termes de collecte des déchets. Quel est le but de ce projet ? “Sortir de l’économie du « tout jetable » au service d’une économie durable, respectueuse de l’environnement, voilà l’ambition de l’économie circulaire”, peut-on lire sur le site de Paris. Une initiative ambitieuse, certes, mais qui a tout de même reçu le soutien de la CCI Paris Ile-de-France, via l’appel à projets “Recyter”. L’objectif de ce programme est d’”accompagner les PME et les territoires franciliens en matière de prévention, de gestion et de valorisation des déchets des activités économiques”, “promouvoir les modes de production responsables” et “informer les entreprises des services proposés par les Filières à Responsabilité Elargie du Producteur (REP) qui concernent les déchets des professionnels. Les entreprises qui souhaitent participer à cette expérimentation sont appelées à se manifester. A quand une ville économie circulaire ?

Que les non-Parisiens se rassurent, d’autres appels à projet existent, pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans l’économie circulaire. Par exemple, en Auvergne, si vous souhaitez vous engager dans une telle démarche, candidatez vite en présentant votre projet avant le 5 mai 2017 ! Si vous faites partie des 4 retenus, vous bénéficierez d’un soutien du CIRIDD (Centre International Ressources et Innovation pour Développement Durable), d’une feuille de route et surtout d’une visibilité au sein du Réseau d’acteurs ECLAIRA. Cet appel à candidature s’adresse à tous les acteurs publics ou privés basés en région Rhône-Alpes. B&L évolution a d’ailleurs été retenue comme consultant expert pour accompagner des entreprises de la région à l’économie de fonctionnalité.