Les PRI (Principles for Responsible Investiment) publient un nouveau cadre d’investissement responsable intégrant les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies : « Investing with SDG Outcome ».

Les investisseurs ont un rôle majeur à jouer pour atteindre les 17 ODD

Les six Principes pour l’Investissement Responsable, lancé en 2006, sont un ensemble de principes d’investissement volontaires et ambitieux qui offrent un menu d’actions possibles pour intégrer les questions ESG dans les pratiques d’investissement. Ils s’adressent aux acteurs de la finance et notamment aux propriétaires d’actifs et aux gestionnaires de portefeuille d’investissement.

Dans un précédent rapport intitulé « The SDG investment case », les PRI encourageaient les investisseurs à apporter leur contribution aux ODD dans les décisions d’investissement. Le nouveau rapport, publié mi-juin, franchit une nouvelle étape en proposant un cadre d’action prospectif. Ils encouragent les investisseurs à regarder au-delà des résultats financiers pour mettre l’accent sur les résultats pour la société et l’environnement , en s’appuyant sur les ODD. L’organisation met en avant le rôle des investisseurs pour que soient réalisés ces 17 objectifs mondiaux.

Pour cela, les PRI proposent un cadre structuré en 5 étapes pour les investisseurs qui cherchent à identifier l’impact de leurs investissements sur la société et à les orienter pour qu’ils contribuent aux ODD.

Les 5 étapes du cadre proposé par les PRI

 

L’accent mis sur les résultats incite les investisseurs à minimiser les impacts négatifs et augmenter les résultats positifs des investissements. Ce nouveau cadre permet aux investisseurs de comprendre les risques et les opportunités susceptibles d’exister dans la transition vers un monde aligné sur les ODD. Il insiste sur l’action collective et devrait permettre un dialogue plus intensif et profond sur les ODD au sein de la sphère financière et avec les entreprises.

Un nouveau cadre commun pour intégrer les ODD ?

Les 17 Objectifs de Développement Durable, adoptés en 2015 par les Etats membres des Nations Unies, constituent une ligne directrice commune à tous les acteurs pour un avenir durable. Pour les acteurs de la finance, ils peuvent constituer une grille d’analyse à la décision d’investissement. Or, si les ODD apparaissent de plus en plus dans la communication ESG des plus gros investisseurs, l’impact de leur intégration reste limité (voir notre étude « ODD : un rendez-vous manqué entre entreprises et investisseurs ? »). On peut en effet constater que les ODD sont le plus souvent orientés sur les process et non sur les résultats du reporting ESG. Par ailleurs, les investisseurs développent leur propre méthodologie sans que s’installe un dialogue concret entre investisseurs et avec les entreprises.

Le nouveau cadre des PRI sur les ODD pourrait venir combler ce manque en s’orientant précisément sur les résultats des investissements sur les ODD. L’organisation publie ce rapport dans un contexte où les ODD semblent enfin prendre toute leur place dans le secteur financier. Le plus gros gestionnaire d’actifs, BlackRock, lance un fonds à impact aligné avec les ODD.

Quid de la biodiversité ?

L’annonce des PRI s’inscrit dans une vision plus large qu’à l’organisation pour inciter et accompagner de plus en plus d’investisseurs vers une finance plus responsable afin d’éviter le greenwashing. Récemment, les PRI ont annoncé le renforcement des critères d’exigences pour ses signataires, qui sont aujourd’hui plus de 3000.

Si le secteur de la finance commence à intégrer les enjeux ESG ou le climat, la biodiversité reste encore à la marge. Récemment, 30 grands investisseurs ont appelé à la création de mesures d’impact liées à la biodiversité. L’initiative est encore timide. A quand une réelle mobilisation du secteur financier pour la préservation de la biodiversité ?