La crise du Covid-19 qui frappe le monde en 2020 crée un repli général de tous rassemblements qui soient. Progressivement, les matches de football se tiennent à huis-clos, Roland Garros est reporté en fin d’année 2020 tandis que les Jeux Olympiques 2020 sont reportés à 2021 le temps de mieux maîtriser la situation. Alors que les événements sportifs semblent décliner, plusieurs bénéfices apparaissent avec les mesures de confinement et notamment un regain de la biodiversité.

Des liens entre ce regain et l’arrêt des événements sportifs semblent peu probables. Pourtant, il existe de nombreuses interactions, que l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature, énumère en précédant la série de directives proposées dans son rapport Mitigating biodiversity impacts of sports events (2020). Dans ce document, la biodiversité désigne l’ensemble des variabilités du vivant, du point de vue génétique, écosystémique ou des espèces. Elle concerne tous milieux terrestres, aquatiques et marins, qu’ils soient urbains ou naturels. Tous les événements sportifs sont concernés, à toutes échelles spatio-temporelles, appréhendés selon plusieurs phases décrites par le cycle de vie de l’événement. Comment mieux appréhender l’impact du sport sur la biodiversité ?

Le cycle de vie d’un événement sportif

Quelles interactions entre la biodiversité et les événements sportifs ?

Le lien entre biodiversité et événements sportif n’est pas évident à première vue. Un aperçu des interactions qu’entretiennent ces deux éléments permet de mieux comprendre la nécessité de les appréhender et de les intégrer aux projets.

Tout d’abord, on envisage des effets négatifs de projets sportifs sur l’environnement dans lequel ils s’implantent. Le rapport énumère des impacts négatifs exhaustifs. En effet, l’implantation d’un événement sportif provoque la destruction ou à minima la modification de certains habitats, ce qui peut causer des dommages à la faune et la flore. La présence de foule provenant de lieux géographiques différents peut également perturber les écosystèmes notamment par l’introduction d’espèces exotiques envahissantes.

De plus, les installations elles-mêmes peuvent modifier les dynamiques physiques du territoire. Il est fréquent d’observer des phénomènes d’érosion des sols ou de tassement, mais également une dégradation des ressources, notamment par la pollution des eaux.

Enfin, les événements sportifs de taille significative particulièrement vont jouer un rôle dans le changement climatique. Les modes d’approvisionnement et de gestion de l’événement déterminent l’empreinte carbone d’un tel projet s’ils sont non-durables.

Toutefois, les services que rend la biodiversité aux sociétés humaines peuvent également être soulignés sur les événements sportifs. C’est le cas pour la santé des sportifs. Un environnement riche en biodiversité est plus sain, et réduit les risques sur la santé humaine car il apporte de l’air de bonne qualité, de l’eau non polluée, ou encore de la nourriture riche en nutriments. Lors d’événements sportifs longs, la végétation peut être un vrai atout en procurant de l’ombre ou un abri. Elle permet aussi de protéger contre les poussières, l’érosion du sol, elle filtre les sons et les polluants atmosphériques, et diminue les effets d’îlot de chaleur. Par ailleurs, les sites ayant une bonne composition d’habitats naturels sont moins vulnérables aux espèces nuisibles qui peuvent causer de très coûteux dommages sur les surfaces de jeux par exemple.

Cependant, il s’agit de ne pas omettre les opportunités qu’offrent les événements sportifs à la biodiversité d’être valorisés dans une logique de coopération, en particulier grâce au développement de la sensibilisation. Cela peut se traduire par le lancement de projets pour l’amélioration et la conservation de la biodiversité, ou l’encouragement de la sensibilisation notamment grâce à la communication et aux médias. Des collectes de fonds, des financements, ou l’implication de sponsors peuvent être mis en place pour soutenir la conservation et les initiatives pour la biodiversité. L’un des points forts de la coopération entre la conservation de la biodiversité et les événements sportifs est la capacité à créer des partenariats avec des organisations pour augmenter la capacité d’implémenter les activités et la sensibilisation à la conservation.

Les actions à mener suivant les deux phases du cycle de vie d’un événement sportif

Cette prise de conscience des interactions entre la biodiversité et les événements sportifs a conduit à la rédaction des dispositifs proposés pour l’optimisation des impacts positifs et la minimisation des effets négatifs sur la biodiversité. Le rapport s’organise suivant les deux principales phases du cycle de vie des événements tout en décrivant des axes de travail hiérarchisés.

  • La phase de planification permet d’éviter et de réduire en amont les impacts négatifs potentiels et assurer les bénéfices long-termes sur la conservation de la biodiversité.

Cela passe par trois étapes successives. La conceptualisation s’amorce par la sélection du site, suivi par l’examen préalable des risques pour la biodiversité et autres éléments pouvant lui nuire. La définition de la portée de l’événement dans l’espace et dans le temps semble importante avant de penser à l’accueil de l’événement.

Lors de l’étape de la stratégie de planification, une gouvernance et une direction de l’organisation doivent être établies afin de décider d’une politique et des objectifs pour la conservation de la biodiversité. À la suite de cela, un système de gestion et d’évaluation des impacts sur la biodiversité est défini, afin de pouvoir déterminer la planification de « l’après événement ». L’engagement des acteurs et la communication viennent en dernier.

L’étape du plan détaillé est la troisième et dernière étape de cette phase. Elle consiste à établir la conception et l’aménagement des lieux, notamment en portant une attention sur les modes d’approvisionnement. Cela se fait surtout par la planification des opérations. L’éducation, la formation, les différentes communications vont jouer un rôle primordial dans l’efficacité de la sensibilisation à la biodiversité, alors que les partenariats avec les organismes de conservations en seront les fondations. La performance des choix des différents dispositifs doit être mesurée, contrôlée et évaluée. Cette phase d’évaluation de projet se matérialise notamment sous la forme d’un rapport sur la durabilité du projet.

  • La phase d’implantation suggère des mesures d’atténuation de l’impact sur la biodiversité qui puissent être considérées et implantées dans les trois étapes principales de cette phase : l’installation, le déroulé et démontage de l’événement.

Il s’agit alors de couvrir un maximum des paramètres qui pourraient entrer en interaction avec la biodiversité. Le rapport propose la liste de éléments à traiter en priorité.

On prend en compte ici la gestion de l’installation sur le site (gestion des champs et des terrains, câblages extérieurs, sécurité extérieure), les pollutions sonores et lumineuses (éclairages extérieurs, messages d’intérêt public et systèmes sonores extérieurs et bruit, diffusion à l’extérieur) ou encore la gestion des activités humaines et d’approvisionnement (gestion des déchets solides et liquides, restauration, transport et gestion de la circulation sur place, gestion des spectateurs extérieurs, gestion des équipes sportives).

L’intérêt de l’implantation permet aussi d’identifier des opportunités pour la biodiversité d’être valorisée durant l’événement et d’en livrer un héritage positif. Notamment par l’initiative d’études écologiques et de plans de gestions du site ou des zones naturelles avoisinantes, compréhension et prise en compte des modes de gestions écologiques des zones désignées notamment par l’établissement de corridors écologiques, ou de raccordements de parcelles isolées pour créer des « réseaux verts » tout en conservant la pertinence avec les paysages naturels. La mise en place de Nichoirs pour oiseaux et chauves-souris sur les lieux ainsi que l’installation d’infrastructures végétales et de systèmes de drainage urbains durables pourraient être des améliorations apportées aux sites.

Quand le sport peut aider au développement d’un monde nouveau…

Ce guide méthodologique d’intégration des questions de biodiversité dans les événements sportifs nous permet, grâce à son accessibilité, d’appréhender ce type de projet sous un angle nouveau. Nous y trouvons une claire description des interactions entre la biodiversité et les événements sportifs à toutes échelles ainsi qu’une présentation de dispositifs de préservation et de coopération selon le découpage standardisé des projets sportifs.

La pandémie actuelle fait émerger le désir des citoyens français de voir un nouveau monde naître, dans lequel l’environnement serait respecté à sa juste valeur. Mais les pressions économiques que la crise a accentuées pourraient orienter les questions de biodiversité au second plan, retardant à nouveau les grands changements.