Face à l’accumulation des défis environnementaux, sanitaires et sociaux, de nombreuses collectivités repensent la place des modes actifs dans la vie quotidienne, notamment pour les publics les plus vulnérables comme les scolaires.
Se déplacer à pied pour les trajets entre domicile et école apparaît comme un levier de transition écologique simple, peu coûteux et indispensable. Si la mobilité scolaire doit être repensée, la place de la marche dans celle-ci doit être renforcée. Favoriser la marche comme mode principal ou en complément d’un autre ne se limite pas à un changement de mode de déplacement : c’est une démarche globale qui vise à agir en même temps en faveur du climat, de la santé publique, d’un aménagement urbain durable, de l’autonomie des enfants… Voici une analyse de quelques uns des co-bénéfices induits par le développement de la marche !
La marche permet de limiter ou réduire nos émissions de GES
Les trajets domicile-école génèrent un volume de déplacements considérable, presque toujours aux heures de pointe. En France, près d’un tiers des élèves se rendent encore à l’école en voiture, même pour des distances inférieures à un kilomètre.
Encourager la marche contribue directement à :
- Réduire la part des déplacements motorisés de courte distance, particulièrement émetteurs car réalisés “à froid”, donc plus polluants.
- Limiter la congestion à proximité des établissements, diminuant les émissions liées aux embouteillages.
- Diminuer le stationnement gênant, souvent source de ralentissements, de pollution et de nuisances (pollution sonore, incivilités).
À l’échelle d’une ville, même une baisse modérée de l’usage de la voiture pour les trajets scolaires peut produire un effet significatif sur les émissions globales de GES.
La marche, un allié de poids pour la santé des enfants
La marche quotidienne constitue une activité physique simple mais essentielle. Or, de nombreuses études montrent que les enfants ne bougent pas suffisamment : la marche vers l’école est donc une opportunité quotidienne, régulière et accessible.
La marche est donc un facteur déterminant pour la santé des enfants :
- En encourageant une activité physique intégrée dans la routine, réduisant le risque de surpoids, de sédentarité et de maladies chroniques,
- Grâce à une meilleure concentration et des capacités d’apprentissage renforcées du fait d’une oxygénation plus importante et d’une stimulation physique anticipée,
- Diminution du stress : la marche permet une transition douce entre la maison et l’école.
Au-delà de ces bénéfices pour la population scolaire, on peut aussi noter des co-bénéfices en termes de santé publique pour la population au sens large :
- Réduction de la pollution atmosphérique grâce à la baisse du trafic motorisé.
- Diminution du bruit, facteur avéré de stress, de troubles du sommeil et de risques cardiovasculaires.
- Encouragement d’une culture de l’activité physique généralisée, bénéfique à long terme pour la santé publique.
Un meilleur cadre de vie et une ville plus inclusive
La promotion de la marche dans la mobilité des scolaires implique de repenser l’environnement autour des établissements.
Cela conduit souvent à :
- Créer ou élargir des trottoirs, sécuriser les traversées, végétaliser les rues,
- Apaiser la circulation, réduire la vitesse des véhicules et limiter le trafic de transit,
- Requalifier les espaces publics, rendant le quartier plus agréable, plus vert et mieux adapté aux personnes vulnérables (enfants, personnes âgées, personnes en situation de handicap).
En favorisant la marche, les villes deviennent naturellement plus accessibles, plus conviviales et plus équitables, en mettant à disposition de tous des espaces publics sûrs et confortables : c’est ce qu’on appelle en urbanisme “la ville à hauteur d’enfants”.
Favoriser l’autonomie des enfants grâce à la marche
La marche renforce la capacité des enfants à se déplacer de manière autonome, ce qui favorise :
- la confiance en soi,
- le développement des compétences spatiales,
- l’apprentissage des règles de circulation et de citoyenneté.
Les dispositifs associés (rues scolaires, pédibus, zones 30, interdiction de voitures devant les écoles) jouent un rôle clé :
- Sécurisation des abords des établissements, réduisant les risques d’accidents,
- Amélioration du sentiment de sécurité des familles, incitant davantage de parents à laisser leurs enfants marcher,
- Réappropriation de la rue par les enfants, qui peuvent se déplacer plus librement et jouer dans un environnement moins hostile.
Promouvoir la marche comme mode privilégié de mobilité scolaire n’est pas un simple choix technique : c’est un projet de société. Au-delà de la baisse des émissions de GES qu’elle représente (indispensable pour esperer atteindre nos objectifs de décarbonation), elle a des impacts positifs sur la santé publique, la transformation positive de l’espace urbain, le renforcement de l’autonomie des enfants…
Du point de vue des collectivités, développer la marche revient à investir dans une ville durable, apaisée et inclusive, où la mobilité des plus jeunes devient un moteur de transformation environnementale et sociale.