La Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), annoncée il y a plusieurs années, n’a toujours pas vu le jour. Deux ans de retard, alors que les enjeux de santé publique, de climat et de souveraineté alimentaire n’ont jamais été aussi urgents. Le 24 septembre 2025, 117 associations, syndicats et collectifs d’entreprises ont signé une lettre ouverte adressée au Premier ministre Sébastien Lecornu pour exiger sa publication.
Une stratégie attendue depuis trop longtemps
La SNANC devait fixer un cap clair : lier alimentation, santé et climat dans une vision cohérente des politiques publiques.
Elle devait notamment contribuer à :
- réduire la prévalence des maladies chroniques liées à l’alimentation,
- engager une transformation de la production agricole et alimentaire pour répondre aux défis climatiques,
- encadrer les pratiques de consommation et de marketing.
Or, malgré des consultations et des annonces répétées, le texte reste en suspens depuis deux ans. Pour ces organisations, ce retard est désormais inacceptable.
Un front commun inédit
Les 117 signataires de cette lettre ouverte regroupent des acteurs très divers : ONG de protection de l’environnement (Greenpeace, BLOOM, France Nature Environnement…), associations de santé publique (Ligue contre le cancer, Société Française de Santé Publique, Fédération Française des Diabétiques…), syndicats du secteur alimentaire (CFDT Agri Agro), collectifs citoyens (Emmaüs, Réseau CIVAM), mais aussi entreprises engagées (Biocoop, Écotable, Commerce Équitable France).
Cette convergence illustre un consensus large que l’on voit encore trop rarement : santé publique, climat, agriculture et justice sociale se sont alliés pour demander une action forte.
Trois priorités claires et mesurables
Les signataires de la lettre ouverte posent trois demandes précises :
1) Protéger la santé des consommateurs, en particulier des enfants
- Interdire la publicité pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salés, notamment auprès des plus jeunes.
- Rendre obligatoire le Nutri-Score sur tous les emballages et supports publicitaires.
2) Réorienter notre alimentation vers le “moins mais mieux”
- Fixer une trajectoire chiffrée de réduction de la consommation de viande (y compris volaille et charcuterie) d’ici 2030.
- Soutenir les filières animales durables et locales, pour assurer qualité et équité économique.
3) Donner à la SNANC une gouvernance solide
- Instituer un délégué.e interministériel responsable du pilotage et du suivi de la stratégie, garant de moyens financiers et humains suffisants.
Des arguments multiples : santé, climat, justice sociale
Dans leur lettre, les organisations avancent plusieurs arguments pour justifier l’urgence de la SNANC :
- Santé publique : aujourd’hui, près d’un adulte sur deux en France est en surpoids ou obèse. Les maladies chroniques liées à l’alimentation (diabète, cancers, maladies cardiovasculaires) coûtent très cher à la société et aggravent les inégalités sociales de santé.
- Climat et biodiversité : l’élevage intensif est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre et exerce une pression considérable sur les ressources naturelles. Une trajectoire claire est nécessaire pour respecter les engagements environnementaux de la France.
- Justice sociale et accès à une alimentation saine : l’alimentation durable reste trop souvent inaccessible aux ménages modestes. La SNANC peut contribuer à garantir une offre plus équitable, en soutenant des pratiques agricoles durables et des circuits de distribution responsables.
La lettre ouverte des 117 organisations révèle une alliance forte entre acteurs de la santé, de l’environnement, de l’agriculture et du social, actant que la transition alimentaire est un levier majeur pour la santé des citoyens, le climat et la justice sociale.
Après deux ans de retard, le gouvernement est mis face à ses responsabilités : publier et mettre en œuvre la SNANC n’est pas seulement une promesse, mais une nécessité écologique et sociale.
Cette demande doit raisonner pour le monde économique au sens large, les entreprises n’ont pas besoin d’attendre la publication de cette stratégie pour agir. Cette mobilisation inédite illustre une demande forte de la part de leurs parties prenantes — consommateurs, salariés, investisseurs, associations. C’est dès aujourd’hui qu’elles doivent proposer des réponses à la hauteur des enjeux, si elles veulent pouvoir compter dans l’alimentation de demain.
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