Par Charles Adrien Louis, Co-confondateur de BL Evolution.

Ça y est, notre rendez-vous annuel de la dernière chance pour le climat est de retour. 15 jours à entendre que, oui, on peut changer le cours des choses, mais qu’il faut agir sans attendre et rehausser son ambition. 15 jours qui se termineront sur des satisfecits des uns et sous les huées des autres. Que peut-on vraiment espérer de cette énième COP ?

En 2019, nous publiions une étude « Comment s’aligner sur une trajectoire compatible avec les 1,5°C« , où nous montrions, en France, le type de mesures et d’ambitions qu’il faudrait réellement afficher si nous voulions être crédibles quand nous disons que nous prenons au sérieux le problème climatique.

Nous utilisions des mots forts « couvre-feu thermique », « interdiction des vols courts en avion », « réduction drastique de nos achats neufs »… tout un programme jugé inapplicable socialement ou inapplicable économiquement. Comprendre “qui va à l’encontre des aspirations sociales et économiques”, “qui va à l’encontre du monde du confort et des retours sur investissements”.

Pourtant, le monde actuel est embarqué das un modèle économique et social qui est inapplicable écologiquement, comprendre “qui modifie les ordres de grandeurs physiques et la fragile stabilité climatique” qui a permis le développement de l’espèce humaine qui règne désormais sans partage sur le système Terre.

Alors on essaye de tordre les lois physiques, de s’inventer une trajectoire qui permette de tout garder, notre confort, nos plus-values, notre climat. On négocie avec l’avenir, on fait le « pari » de la technologie. Mais comme le disent les sites de paris « jouer comporte des risques » et ici pas de numéro vert.

À des preuves scientifiques, condensés dans les rapports du GIEC, on y oppose un catégorique « moi j’y crois ». Et pourtant, malgré toutes les invocations, le miracle n’arrive pas. Celui qui permettrait de décarboner notre économie suffisamment rapidement et sans toucher à la sacro-sainte croissance.

Ça n’arrive pas car il faut du temps pour réaliser des innovations de rupture, il faut du temps et des ressources pour passer à l’échelle et il faut une vision systémique et voir toutes les interdépendances pour s’assurer qu’on n’est pas simplement dans un processus shadock.

Développer le monde technologique décarboné de demain ne peut pas se faire tout en maintenant un monde ultra-énergivore, consommateur de ressources et destructeur de vivant. Et arrêter ce monde ultra-énergivore, consommateur de ressources et destructeur du vivant ne peut pas se faire d’un coup sans crises économiques et sociales majeures. Alors, il faut faire des choix, lâcher notre dépendance au vieux monde pour entrer rapidement dans un monde plus humain, plus vivant où notre machine productive est au service de l’essentiel, de la qualité de vie et de l’épanouissement.

Tant que nous discuterons à coups d’objectifs à 10 ou 20 ans, nous n’y serons pas. Cela nécessite des ruptures rapides et mondiales. Mais cela ne peut pas être la décision d’un individu ou d’un Etat. Ce sont des décisions qui doivent bien être partagées par tous. Et au fond, c’est peut-être à ça que servent les COP, à se compter et à s’assurer qu’on est encore tous autour de la table.