Le rapport du CESE de 2021 sur la pêche durable et le changement climatique, met en évidence que les milieux marins sont vitaux pour l’être humain et peuvent même constituer la seule source d’alimentation pour certaines populations. Mais, sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre, il y a une augmentation de la température des mers et des océans qui s’acidifient également. C’est un dérèglement très important qui va réduire leur productivité et les services vitaux qu’ils rendent.

Le changement climatique : des effets néfastes sur le monde marin

 Le Rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère, élabore un tableau inquiétant sur les impacts du changement climatique sur le monde marin. « Les émissions de carbone provenant des activités humaines sont à l’origine du réchauffement de l’océan, de son acidification et de sa perte d’oxygène, avec des preuves de ces changements dans le cycle des nutriments et de la production primaire. Le réchauffement de l’océan affecte les organismes marins à de multiples niveaux trophiques, impactant la pêche avec des implications pour la production alimentaire et les communautés humaines. », voilà ce qui ressort de ce tableau. C’est une augmentation de 0,7 °c en plus de 60 ans, qui rend les océans plus acides et donc moins féconds. Une augmentation qui ne fera que continuer atteignant entre 1,3 et 3,7°c en 2100, provoque déjà de nombreux dégâts comme la fonte des calottes glaciaires et donc la montée du niveau de la mer et des phénomènes côtiers.

Ce rapport montre également que, malgré une absorption des océans de 90% de la chaleur excédentaire du système climatique, d’ici à 2100, cette absorption sera de plus en plus élevée et les océans risquent de devenir des émetteurs de chaleur à leur tour, provoquant un emballement aux conséquences pouvant être dramatiques.

Le rôle de « climatiseurs naturels » des océans et leurs capacités d’absorption des GES se voient mis en danger par la conjugaison des conséquences du changement climatique (réchauffement, acidification, fonte des calottes glaciaires, modification des courants…).

Les écosystèmes et les poissons en danger

Ces bouleversements impactent également les écosystèmes marins. Selon l’Ifremer, leur reproduction et leur croissance sont impactées. Leur taille adulte se voit réduire, et une augmentation de la mortalité précoce est remarquée. Ces altérations de la croissance et de la reproduction conduisent à 5% de perte de productivité halieutique, à l’échelle mondiale par degré de réchauffement selon des chercheurs.

Parallèlement, des changements importants dans la répartition géographique des populations de poissons sont observés ; leur ampleur et leur vitesse varient cependant selon les espèces et les zones.

Le terme de « tropicalisation » est donc utilisé pour les espèces d’eaux chaudes qui apparaissent et prolifèrent sous nos latitudes alors que celles d’eaux tempérées ou froides tendent à y disparaître pour migrer plus au nord ou vers les profondeurs. Cela entraîne une réduction de la diversité des ressources halieutiques dans les zones tropicales où le départ des autochtones n’est pas remplacé par l’arrivée de nouvelles espèces.

De plus, l’acidification des océans provoque la mort des coraux, qui est une base d’écosystèmes essentielle, ainsi que la mort du plancton. Ces nouvelles conditions mettent également d’autres êtres vivants en danger comme les crustacés et coquillages qui ne sont plus protégés par l’enveloppe de calcaire, rendu plus difficile à élaborer et trop fragilisée par ces éléments.

Les activités humaines ont d’autres conséquences sur les milieux marins. La pollution chimique d’origine industrielle, agricole et urbain, mais aussi la quantité croissante de plastiques contribuent à la hausse de ces dommages. Le symposium de Monaco sur l’état de santé des océans, alerte également sur le niveau de pollution. Des agents pathogènes marins, des micro-organismes introduits dans les océans sont de plus en plus nombreux et engendrent de nombreuses maladies comme des maladies intestinales, des infections oculaires, d’hépatites et de décès.

Les pêcheurs et les populations côtières également mis en danger

La consommation mondiale de poisson tend à augmenter, les communautés côtières, vivant de la pêche artisanale ou de l’exportation des poissons à haute valeur ajoutée, vont être confrontées à d’importantes difficultés notamment vis-à-vis économique et aussi de leur subsistance. Le GIEC signale que « globalement, les changements climatiques impactant l’abondance, la distribution et les captures potentielles de stocks de poissons risquent de réduire le revenu potentiel maximal des pêcheries partout dans le monde. Ces impacts sur la pêche augmenteront le risque sur les revenus et les moyens de subsistance des personnes travaillant dans ces secteurs économiques d’ici 2050. Ce risque est plus important dans des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre élevées ».

Concernant la France, « En termes de tendance récente, l’année 2020 s’inscrit globalement dans le sillage des précédentes, dans le sens d’une amélioration lente. Si la part de populations en bon état a sensiblement augmenté entre 2019 et 2020, c’est surtout grâce à quelques populations majeures, comme la sardine, qui ont basculé du bon côté. […] Mais les évolutions se mesurent sur le long terme, rappelle Alain Biseau. Il faut du temps pour qu’une population se rétablisse après une réduction de la pression de pêche, surtout pour les espèces à vie longue. […] L’objectif de 100% de populations en bon état, visé par les politiques européennes pour 2020 n’est pas atteint » selon l’Ifremer.

Néanmoins, les conséquences sont déjà visibles, les opérations de pêche doivent se faire de plus en plus au large, dans des eaux plus profondes, plus froides et plus éloignées ce qui augmente les consommations d’énergie et les coûts ainsi que les risques pris par les marins.

Désormais, la grande majorité des pêcheurs a pris conscience de la nécessité de préserver les milieux marins et les ressources halieutiques, car ce sont leur activité qui en dépend.

La pêche durable : quels enjeux ?

L’avis du CESE 16 publié en mars 2021 sur la pêche climatique, indique que le changement climatique impose à la pêche et les filières associées de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et s’adapter, afin d’assurer une ressource alimentaire durable. C’est en respectant cela qu’elles pourront continuer à constituer un gisement durable d’emplois et d’activités pour les territoires littoraux.

À noter que, la principale dépense des entreprises de pêche, est le carburant pour les bateaux malgré un dispositif de détaxe. Les énergies fossiles qui deviendront de plus en plus rares avec le temps, deviendront également plus chers, et aujourd’hui, aucune solution n’a été trouvée ce qui rajouterait une difficulté en plus à ce secteur.

En 2022, la réforme de la PCP et la présidence de l’Union européenne par la France au second semestre de la même année doivent permettre de définir et d’engager les changements nécessaires. Pour financer leur accompagnement, plusieurs ressources sont mobilisables :

– les mesures du plan « Brexit » de soutien à la pêche française

– l’enveloppe de 50 M€ prévue pour la pêche dans le Plan de relance

– les interventions du FEAMPA 2021/2027 dont la maquette est encore à finaliser à la suite du débat public qui s’est achevé fin 2020

Les outils et préconisations à mettre en place selon le CESE