Après deux ans sans se voir et pour donner suite aux échanges en distanciel à l’automne, les représentants de 196 pays ont pu se réunir à Genève du 14 au 29 mars. L’objectif était de proposer un texte commun qui serait finalement débattu et accepté cet été lors de la 15ème conférence mondiale des Nations unies (COP15) sur la biodiversité à Kumming en Chine. Néanmoins, les discussions ont pris du retard et ne sont pas parvenues à un accord, générant ainsi des inquiétudes sur la capacité de la COP 15 à arriver à un cadre mondial post-2020 ambitieux pour lutter contre l’érosion de la biodiversité. Constatant cet échec, une nouvelle réunion a été annoncée fin juin.

Un document préliminaire a été préparé par la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) pour servir de base aux discussions à Genève. Ce cadre de travail a été publié à l’été 2021 puis mis à jour en janvier, suite aux réunions en distanciel de la première partie de la COP 15. Ce cadre mondial pour 2030 fera suite aux objectifs 2020 d’Aichi, dont la mise en œuvre fut considérée comme un échec.

L’objectif d’avoir 30% d’espaces naturels protégés suscite l’adhésion

Cet objectif phare est la première cible clé proposée par la CBD, elle a semblé susciter un relatif consensus.

Des représentants ont aussi affiché la volonté de stopper et inverser la tendance à la destruction de la nature pour obtenir un gain net de biodiversité – l’équivalent de zéro émission nette pour le climat – d’ici à 2030.

La cible 13 a particulièrement été discutée. Elle vise à « mettre en œuvre, au niveau mondial et dans tous les pays, des mesures visant à faciliter l’accès aux ressources génétiques et à assurer le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation de ces ressources associée à des connaissances traditionnelles ». Les débats ont porté sur le partage des données du séquençage informatique des ressources génétiques. La CDB a noté des progrès satisfaisants accomplis en vue de trouver une solution pour le partage juste et équitable des avantages tirés des données digitales de séquençage en lien avec l’utilisation des ressources génétiques.

Les difficultés à s’accorder sur le financement

Si le document de travail de la CDB proposait de mobiliser 200 milliards de dollars par an dans la protection de la biodiversité, des voix se sont élevées pour rehausser cet objectif. En parallèle de la réunion à Genève, la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité a publié une étude indiquant que l’enveloppe devrait se situer plutôt vers 850 milliards.

Des pays en voies de développement ont indiqué que les 10 milliards (inclus dans l’enveloppe de 200 milliards) de flux internationaux de financement prévu à leur destination étaient insuffisants. Leur objectif serait plutôt de porter à terme ces financement à 700 milliards d’ici 2030. Des chiffres potentiellement à même de bloquer les discussions.

La mise en place opérationnelle, une inconnue problématique

Les objectifs d’Aichi, adoptés en 2010 et auxquels les accords de la COP 15 doivent succéder, devaient déjà proposer un cadre ambitieux pour lutter contre l’érosion de la biodiversité. Si ces objectifs véhiculaient un niveau d’ambition cohérent, c’est leur mise en œuvre qui n’a pas fonctionné.

Aussi, les objectifs de ce cadre 2030 devront répondre aux questions des indicateurs de suivi, de l’évaluation et de la mise en place opérationnelle, notamment, pour ne pas tomber dans les mêmes écueils. Ces questions ont pu être abordées à Genève mais il reste encore beaucoup à faire et à discuter sur ce sujet.

Ces négociations ayant été insuffisantes pour arriver à un compromis, une nouvelle réunion aura lieu du 21 au 26 juin à Nairobi. Pendant ce temps, des discussions informelles auront lieu car le temps presse et il reste beaucoup à faire pour préparer un accord digne de l’urgence écologique.

Le cadre post2020 est largement attendu par la sphère politique aussi bien que la sphère économique et, malgré ses reports successifs, il y a une nécessité d’aboutir à des objectifs clairs et ambitieux pour répondre aux enjeux mais aussi pour que les acteurs se mobilisent et notamment que les entreprises et investisseurs puissent définir des priorités claires et construire des trajectoires en ligne avec ces objectifs.