Dans le cadre de la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (article 88) de février 2020, les collectivités devront proposer à leurs habitants une solution de tri à la source des biodéchets au 1er janvier 2024. Certaines collectivités, 4 ans après la publication de cette loi, ne seront pas en mesure de proposer une solution de tri à la source pour l’ensemble de leur territoire. 

Cette publication rappelle l’ensemble des solutions de collecte des biodéchets existantes, en apportant notamment un comparatif sur le choix, la performance et le coût monétaire de la mise en place d’une solution de collecte séparée des biodéchets : Porte à Porte & Point d’Apport Volontaire.

 

Les biodéchets sont définis dans l’article L.541-1-1 du code de l’environnement et regroupent tous les déchets non dangereux biodégradables comme les déchets alimentaires et les déchets verts (déchets de parcs et jardins, de tontes, etc.). La dernière campagne de caractérisation des ordures coordonnée par l’ADEME évalue la proportion de déchets dans nos ordures ménagères résiduelles (OMR) à 32%. Les biodéchets représentent donc 1/3 de nos poubelles, soit plus de 6 millions de tonnes par an, qui pourraient être valorisées. La valorisation des biodéchets peut être réalisée par compostage (valorisation de matière) ou par méthanisation (valorisation de matière et énergétique).

Les solutions de collecte des biodéchets : compostage de proximité et collecte séparée

Compostage de proximité

Le compostage de proximité est le premier levier à privilégier dans la mise en place du tri à la source des biodéchets. En effet, cela fait partie des actions de prévention et répond également au respect de la hiérarchie des modes de traitement. C’est la solution à privilégier sur tous les territoires également pour des raisons de facilité de mise en œuvre et de faible coût. 

Il existe le compostage individuel (composteur individuel et lombricomposteur) et le compostage partagé/collectif (composteur de quartier et en pied d’immeuble). Le choix du type de compostage de proximité dépend des caractéristiques du territoire (très urbanisé ou relativement rural, disponibilité foncière, etc.) et du type d’habitat (maison ou appartement).

Collecte séparée

Avant de choisir la ou les solutions techniques, la collectivité doit s’interroger sur ses objectifs, les caractéristiques de son territoire, sa stratégie. C’est l’étude de faisabilité qui permettra de déterminer les gisements de déchets et l’organisation adéquate. Dans le cadre du fonds vert, les projets portant sur le tri à la source et la valorisation des biodéchets (ex : études et investissements pour l’achat et la mise en œuvre d’équipements nécessaires à la collecte et à la gestion de proximité des biodéchets des ménages) peuvent bénéficier d’une aide à la mise en place (candidature jusqu’au 31/12/23 via l’ADEME).

Suivant la typologie du territoire, ses spécificités ou bien ses enjeux politiques et économiques, plusieurs solutions de collecte séparée des biodéchets sont possibles : 

  • La collecte en porte à porte (PaP) : basé sur une collecte individuelle ou en pied d’immeuble, c’est un mode de collecte rencontré notamment sur des territoires semi-urbains ou mixtes, voire urbains, là où le compostage de proximité ne peut être pleinement déployé.
  • La collecte en point d’apport volontaire (PAV) (abri-bac, aérien, semi-enterrés, enterrés) : ce sont des points de regroupement collectifs, accessibles à tous les citoyens. Les PAV peuvent être sous forme de conteneurs, de colonnes enterrées ou semi-enterrées et positionnés sur l’espace public.

Très peu de données sont disponibles sur le nombre de collectivités ayant mis en place une solution de tri à la source des biodéchets. Début 2023, l’ADEME estimait que le nombre d’habitants desservis par une solution de tri à la source des biodéchets proposée par leur collectivité d’ici fin 2023 sera d’environ 20 millions, soit quasi 1 Français sur 3. Elle n’a pas publié d’autre chiffre depuis.

 

Zoom sur la solution de collecte séparée des biodéchets : collecte en point d’apport volontaire et en porte à porte

Quels sont les avantages et inconvénients de chaque mode de collecte des biodéchets ?
Collecte en Porte à Porte (PaP) Collecte en Point d’Apport Volontaire (PAV)
Arguments Positifs
  • Bonne performance de collecte des biodéchets.
  • Matériel de collecte classique compatible avec les camions de collecte d’OMR.
  • Geste de tri facilité pour l’usager.
  • Solution économique grâce à la réduction des trajets et des coûts de transport pour la commune.
  • Massification des flux.
  • Moins de passage (bruit, transport, pollution) qu’une collecte en porte à porte.
  • Centralisation de la collecte pouvant contribuer davantage à la sensibilisation aux enjeux du tri.
Arguments Négatifs
  • Dotation individualisée de bac pour tous les usagers. 
  • Coût élevé de pré-collecte. 
  • Nécessité d’une communication plus importante sur les jours de collecte, processus, etc.
  • Complexe à mettre en place en milieu très urbain/dense. Les locaux ne sont pas toujours dimensionnés pour accueillir une nouvelle poubelle.
  • Nécessité pour les habitants de veiller aux dates de collecte.
  • La présentation des bacs de biodéchets n’est pas toujours systématique.
  • Utilisation de camions de collecte étanches.
  • Tournée de collecte en porte-à-porte plus longue qu’en PAV ce qui génère davantage de pollution (CO2).
  • Distance jusqu’au PAV relativement variable, ce qui peut parfois décourager. Nécessite une mobilisation plus forte de l’usager.
  • Occupation du sol sur l’espace public.
  • Performance parfois moins importante de la collecte.
  • Manutention importante
Quelles sont les étapes pour mettre en place une collecte séparée des biodéchets ?
  1. Prendre connaissance des enjeux relatifs au tri ;
  2. Elaborer une étude de faisabilité préalable du territoire et la définition d’un plan d’actions ;
  3. Mettre en place un dialogue entre les acteurs de la filière, dès la conception, afin de sécuriser l’amont de la chaîne (les bénéficiaires de la collecte séparée) et l’aval (les solutions de valorisation organique et énergétique) ;
  4. Réaliser une expérimentation (phase de test) de solutions de tri à la source sur une zone du territoire avant un déploiement plus large. La durée de cette phase varie de 2 mois à un an (ADEME). Elle permet d’ajuster les zones à desservir, le type d’habitat à cibler et de tester l’adéquation du matériel de précollecte avec les usages ;
  5. Préconiser des équipements et des techniques spécifiques relatives à la mise en place de chaque solution de tri à la source choisie par la collectivité (compostage de proximité, collecte en PAV ou en PaP) ;
  6. Après avoir mis en place une collecte séparée, des évolutions du service peuvent être réalisées : 
  • Adapter le matériel de précollecte : bio-seaux ventilés, réduction de la taille des bacs ou utilisation de cuves réductrices ;
  • Évoluer les consignes de tri notamment pour limiter la présence de déchets verts ;
  • Diminuer la fréquence de collecte des OMR.

 

Quelles sont les quantités collectées de biodéchets en collecte séparée ?

Le Comité Stratégique de Filière Transformation et Valorisation des Déchets (CSF TVD) a sollicité SAGE Industry, pour réaliser une étude économique de la filière biodéchets des ménages, avec le soutien de l’ADEME, en décembre 2022. 

Dans cette étude, on distingue les collectes qui autorisent les déchets verts de celles qui ramassent uniquement des déchets alimentaires. En effet, la présence de déchets verts augmente significativement les performances de la collecte de biodéchets, sans pour autant influencer les ratios d’ordures ménagères résiduelles (OMR). Le ratio médian pour ces flux est le suivant :  

  • 43 kg/habitant desservi en moyenne pour la collecte de déchets alimentaires seuls. 
  • 87 kg/habitant desservi en moyenne pour la collecte de déchets alimentaires et déchets verts.

De plus, les ratios collectés en porte-à-porte sont deux fois plus élevés que ceux observés pour la collecte en point d’apport volontaire.

 

Quel est le coût de gestion d’une collecte séparée des biodéchets ? 

Selon les différents scénarios de l’étude du CSF TVD de 2022, le coût de la collecte et du traitement des biodéchets représente entre 5 à 29 €/habitant/an. Le coût de la collecte représente à lui seul 60 à 75% (43% sur un scénario de collecte des biodéchets et 100% en PAV), alors que les coûts de traitement de 10% à 20% ont un faible impact sur le coût global de la gestion des biodéchets. Les autres coûts concernent la prévention, la communication et la pré-collecte. 

Pour diminuer le coût de gestion des biodéchets, il faut jouer sur le poste ayant le plus d’impact : la collecte.

La collecte en points d’apport volontaire, bien que moins performante que la collecte en porte-à-porte, reste cependant moins coûteuse. En moyenne, dans cette étude, le coût annuel de gestion des biodéchets est estimé à :

  • 14 €/habitant pour la collecte en point d’apport volontaire ;
  • 28 €/habitant pour la collecte en porte à porte.

Figure : Comparaison du coût de gestion en point d’apport volontaire ou en collecte en porte à porte

Au-delà du mode de collecte, plusieurs autres facteurs permettent de réduire le coût global du service de gestion des déchets suite à la mise en place de solutions de tri à la source des biodéchets : 

  • La fréquence de collecte des ordures ménagères résiduelles (OMR) qui peut être fortement réduite une fois les biodéchets séparés ;
  • La fréquence de collecte des biodéchets ;
  • L’articulation avec le compostage de proximité afin de ne pas superposer inutilement des solutions ; 
  • Le périmètre de collecte des biodéchets (ou le taux de couverture) qui pourra évoluer. Le reste de la population sera concerné par une gestion de proximité. 

 

Notre recommandation aux collectivités

Il n’y a pas de solution unique, la superposition des différentes solutions de tri à la source est nécessaire car elles demeurent complémentaires et conformes à la hiérarchie des modes de traitement. 

Le compostage de proximité est le levier à privilégier, mais il peut s’articuler avec les solutions de collecte séparée. La collecte en point d’apport volontaire et en porte-à-porte peuvent d’ailleurs s’imbriquer sur une même collectivité selon la typologie de l’habitat.

L’étude de faisabilité à réaliser en amont va permettre de déterminer les gisements de déchets et l’organisation adéquate, suivant la typologie du territoire, les spécificités, les enjeux politiques et économiques du territoire. Cette étude est primordiale afin de mettre en place une solution adaptée au plus proche des enjeux et caractéristiques du territoire. 

BL évolution accompagne les collectivités dans leur stratégie de tri à la source des biodéchets dans l’ensemble de leur territoire. N’hésitez pas à contacter nos consultants en économie circulaire afin qu’ensemble nous identifions une solution de collecte adaptée à vos besoins.