Cela ne n’aura échappé à personne : l’été 2022 a été particulièrement chaud, marqué par de multiples épisodes caniculaires et par une sécheresse historique. Ces conditions sans précédent ont, avec le changement climatique, toutes les chances de se répéter dans les prochaines années et de devenir la norme. Revenons donc sur quelques faits marquants de la saison qui s’achève.

L’indice d’humidité en chute !

Premier chiffre à retenir : l’été 2022 aura été le 2e plus chaud depuis que l’on relève les températures, le tristement célèbre été 2003 restant en tête du classement. La température moyenne sur les mois de juin, juillet et août excède de 2,3°C les normales de saison. Tous les départements sont concernés par cet écart positif, mais le Sud et l’Ouest ont été plus particulièrement touchés par la chaleur. Plus de 80 villes ont battu leur record de température maximale, particulièrement concentrées en Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine, des régions habituellement rafraichies par l’influence océanique.

Outre les températures atteintes, une particularité de l’été 2022 a été la précocité et la durée des vagues de chaleur. Dès la mi-juin, la barre symbolique des 40°C est dépassée dans le département de l’Hérault. On a compté 33 jours de chaleur sur les trois mois d’été, loin devant les records précédents de 23 jours en 1983 et 22 jours en 2003.

Mais c’est surtout l’absence quasi-totale de précipitations qui fait rentrer cette saison dans les annales. En juillet, le déficit par rapport à la moyenne est de -85% ! En août il est encore de -30%, causant un effondrement de l’indice de l’humidité des sols déjà en chute depuis le printemps, et ce malgré un mois de juin assez pluvieux (+34%).

Des conséquences désastreuses pour la biodiversité

La conjonction de la chaleur intense et durable et du déficit de précipitations entraine de lourdes conséquences. Cela touche évidemment l’agriculture (forte baisse des rendements, décès dans les élevages de volailles…) mais aussi la production d’électricité (centrales nucléaire à l’arrêt à cause des difficultés à les refroidir ou demandant des dérogations réglementaires) et même la disponibilité d’eau potable un peu partout en France : à Gérardmer dans les Vosges, à Seillans dans le Var, en Creuse, en Haute-Loire, en Aveyron, dans la Drôme, le Cantal… des bouteilles d’eau ont dû être distribuées ou des camions-citernes mobilisés.

En outre, la chaleur extrême, la sécheresse, et les incendies favorisés par ces conditions ont eu un impact encore difficile à mesurer sur la biodiversité. Dans la zone Natura 2000 du Marais Breton, des centaines de truites sont décédées à cause de la température trop élevée de leur habitat. Non loin de là, dans le Morbihan, les associations ont noté que certains oiseaux abandonnent leur nid et leur petits, faute de nourriture disponible et parce que la température de l’air les fait suffoquer. Au contraire, certains insectes semblent proliférer y compris dans des régions nouvelles pour eux : arrivée du moustique-tigre dans le Loiret et en Meurthe-et-Moselle, frelons asiatiques dans la Manche et le Finistère, à la recherche de température un peu plus tempérées. En Provence, ce sont les cigales qui ne chantent plus : tout un symbole !

Malheureusement, sécheresses et canicules ne sont pas les seules à perturber la biodiversité. L’IPBES classe les causes d’érosion en cinq facteurs majeurs : les changements d’usage des sols et des mers, l’exploitation directe des ressources, les changements climatiques, les pollutions, et les espèces exotiques envahissantes. En outre, connaissant les équilibres naturels entre climat et écosystèmes (on pense au cycle de l’eau, par exemple) il faut aussi se rendre compte que l’érosion de la biodiversité a à son tour des impacts néfastes sur le climat.

Ainsi, les conditions météorologiques traversées cet été et leurs impacts sur tous les aspects de nos vies et de la nature doivent nous rappeler à l’action sur trois enjeux. Premièrement, il est aujourd’hui très clair que l’adaptation au changement climatique est indispensable. Deuxièmement, on n’insistera jamais assez sur la nécessité de limiter l’impact des activités humaines sur le climat, en réduisant drastiquement nos émissions de GES. Enfin, il faut accélérer les efforts en faveur de la biodiversité, notamment régénérer les écosystèmes afin d’améliorer leur résilience et de limiter les impacts du changement climatique.

Source : UICN France