L’antibiorésistance est un défi de santé publique mondiale qui ne cesse de s’aggraver. Bien que les antibiotiques soient des médicaments essentiels pour lutter contre les infections, leur utilisation excessive et inappropriée a conduit à l’émergence de bactéries de plus en plus résistantes. Ce phénomène a pris une dimension mondiale, et la crise environnementale joue un rôle crucial dans son aggravation.

Le commissariat général au développement durable ( CGDD) a sorti récemment une publication sur la lutte contre l’antibiorésistance :  en Europe, on compte environ 35 000 décès annuels liés à l’antibiorésistance, tandis qu’en France, plus de 5 000 décès ont été enregistrés en 2015. Les coûts financiers des soins liés à l’antibiorésistance sont estimés à plus de 1,5 milliard d’euros en Europe.

Causes de l’antibiorésistance environnementale

L’antibiorésistance environnementale découle en grande partie de l’utilisation généralisée d’antibiotiques chez les humains et les animaux. Lorsqu’un antibiotique est administré, il exerce une pression sélective sur les bactéries, favorisant le développement de bactéries résistantes. Ces dernières peuvent acquérir leur résistance par la modification de leurs gènes ou l’intégration de gènes de résistance provenant d’autres micro-organismes. Les interactions complexes entre les humains, les animaux domestiques et l’environnement créent un milieu propice à l’émergence et à la propagation de bactéries résistantes et de gènes de résistance.

La contamination de l’environnement

Les principales voies de contamination de l’environnement par les antibiotiques, les bactéries résistantes et les gènes de résistance sont les déjections humaines et animales. Les antibiotiques, administrés aux humains et aux animaux, se retrouvent dans les excréments, ce qui favorise la libération de bactéries résistantes et de gènes de résistance dans l’environnement. Ces substances sont ensuite transportées vers les stations de traitement des eaux usées, où certaines d’entre elles peuvent persister malgré les procédés de traitement. Les eaux usées traitées sont finalement rejetées dans les cours d’eau et les plans d’eau, contribuant ainsi à la contamination continue de l’environnement par les bactéries résistantes.

D’autres environnements spécifiques, tels que la pisciculture, les sédiments et les eaux usées industrielles, peuvent également favoriser la dissémination de l’antibiorésistance. De plus, les changements climatiques, tels que les régimes pluviométriques et les débits des cours d’eau, pourraient avoir un impact sur la dispersion des antibiotiques et des bactéries résistantes dans l’environnement.

Lien entre produits biocides et antibiorésistance

Outre les antibiotiques, certains produits biocides destinés à éliminer les micro-organismes, tels que l’eau de Javel et les désinfectants ménagers, ainsi que les éléments-traces métalliques comme le plomb, le mercure, le cadmium et le zinc, favorisent également l’émergence de résistances aux antibiotiques tout en accélérant ainsi le processus d’acquisition de résistance !

Conséquences de l’antibiorésistance environnementale

L’antibiorésistance environnementale a des conséquences graves pour la santé humaine et animale. Elle rend les infections bactériennes plus difficiles à traiter, ce qui peut entraîner des taux plus élevés de morbidité et de mortalité. Les antibiotiques deviennent moins efficaces, ce qui limite les options de traitement disponibles. De plus, l’antibiorésistance peut avoir un impact économique important en augmentant les coûts de santé et en réduisant la productivité dans les secteurs de l’agriculture et de la santé. 

5 Actions pour lutter contre l’antibiorésistance environnementale 

La lutte contre l’antibiorésistance environnementale nécessite une approche globale et interdisciplinaire, connue sous le nom d’approche « Une seule santé ». Cela signifie que les mesures visant à préserver la santé humaine et animale doivent être associées à celles visant à préserver les écosystèmes.

  • Réduire l’utilisation inappropriée d’antibiotiques chez les humains et les animaux, en particulier dans le secteur de la médecine de ville.
  • Renforcer et adapter des plans nationaux de réduction de la consommation d’antibiotiques aux réalités locales.
  • Améliorer les pratiques d’épandage des effluents d’élevage afin de réduire la contamination de l’environnement.
  • Renforcer la surveillance de l’antibiorésistance dans l’environnement, avec un suivi régulier, à long terme. Un groupe de travail a été créé pour développer un dispositif de surveillance et collecter des données pour mieux comprendre l’ampleur de la contamination des sols, des eaux et des écosystèmes, ainsi que les mécanismes sous-jacents.
  • Réduction de l’utilisation des produits biocides désinfectants pour limiter leur impact sur l’antibiorésistance. 

Il est temps d’agir collectivement pour préserver l’efficacité des antibiotiques et assurer un avenir plus sain pour tous : humain et environnement.

 

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