Comment engager la transition des mobilités, en particulier dans les territoires ruraux ? Faible densité de l’habitat, forte dépendance à la voiture, offre de transports alternatifs limitée : les freins sont nombreux et imposent de repenser notre approche de la question. L’accompagnement de la 3CBO par BL évolution offre un cas d’étude de l’application d’un Système Alternatif à la Voiture, qui n’attend qu’à être développé et mis en œuvre dans d’autres territoires.
Les territoires ruraux réunissent aujourd’hui 88% des communes de France (selon la nouvelle définition de l’INSEE), et n’accueillent que 33 % de la population. Si l’INSEE distingue désormais 4 types de territoires ruraux selon leur densité et le degré d’influence d’un pôle à proximité, ils ont en commun d’être des espaces peu – voire très peu – densément peuplés. Par conséquent, ils partagent bien souvent la caractéristique d’une organisation territoriale obligeant les habitantes et habitants à parcourir de plus grandes distances pour leurs trajets du quotidien.
Plus on s’éloigne des pôles, plus les distances s’allongent et plus les trajets sont complexes. Dès lors, comment s’étonner que les personnes qui habitent en territoire rural préfèrent la voiture ? Ces territoires sont à ce titre responsables de 42% des émissions directes de GES dans les déplacements (dont 60% se concentrent sur les déplacement de 10 à 100km, à 90% réalisés en voiture) pour 33% de la population. La transition des mobilités en territoire rural est donc d’une importance majeure. Au-delà de l’impact environnemental, réduire la dépendance à l’automobile dans ces territoires répond également à un impératif de justice sociale.
On le sait, la voiture cumule les coûts : environnemental, social, pécuniaire, sanitaire… Et pourtant, elle s’est imposée comme le principal « mode à tout à faire », le moyen de transport par défaut. Pratique, flexible, individuelle et fermée : elle est adaptée à tous les usages et à tous les environnements. Pour sortir du « tout-voiture », il faut donc unir les forces de tous les modes alternatifs et amener un véritable changement des mentalités.
Concrètement, comment sortir du « tout-voiture » ?
Prenons l’exemple d’un Établissement Public de Coopération Intercommunal (EPCI) de 23 communes, 500km² et 20 000 habitants, pour la majeure partie situé en dehors de l’aire d’attraction d’un pôle. L’habitat dispersé en fait un territoire très peu dense. On y compte deux lignes de car régionales, relativement peu cadencées, et deux voitures en autopartage (une dans chaque bourg centre). La part modale de la voiture sur les déplacements domicile-travail est de 85,5%. De toute évidence, l’autosolisme est le mode privilégié pour tout trajet, quel qu’en soit le motif.
Ce territoire, c’est la Communauté de communes de la Cléry, du Betz et de l’Ouanne (3CBO), pour qui BL évolution a récemment produit une étude visant à réduire la dépendance à la voiture individuelle.

Répartition de la population sur le territoire de la 3CBO
Application du Système Alternatif à la Voiture
En s’appuyant sur le modèle développé par BL évolution pour Le Forum Vie Mobile, l’objectif de l’étude était de concevoir un véritable système dit « alternatif à la voiture individuelle ». La notion de système ici est extrêmement importante : il s’agit de concevoir une organisation des modes capable de répondre à tous les besoins, tout le temps. Ce modèle s’appuie sur la constitution d’un réseau multimodal, capitalisant sur les infrastructures et l’offre existante. Trois piliers en permettent la réalisation :
- Le déploiement des infrastructures cyclables – les axes majeurs à enjeux sont dotés d’aménagements séparatifs, les voies peu fréquentées sont réaffectées à l’usage des cycles et piétons uniquement
- L’augmentation du cadencement et de l’amplitude horaire des transports collectifs – pour les territoires dépourvus d’offre ferroviaire il s’agit principalement de créer des lignes de car express compétitives face à la voiture
- La mise en place de ligne de rabattement vers les lignes de transports collectifs structurantes – notamment pour les personnes résidant trop loin de ces lignes pour faire le trajet à vélo
À cela, il faut ajouter les déplacements occasionnels, qui présentent bien souvent des besoins particuliers. Pour ces derniers, le système s’appuie sur la mise à disposition de véhicules en autopartage. Après plus d’un an de travail de concertation entre services, élus et Région, la 3CBO s’est accordée sur une intention finale ambitieuse :

Carte d’intention énonçant les principes de déploiement du Système Alternatif à la Voiture sur le territoire de la 3CBO
En suivant les préconisations inscrites au plan d’action de cette étude, ce n’est pas moins de 96% de la population du territoire qui se trouverait à moins de 20 minutes à vélo d’un arrêt de transports en commun et pourrait se rendre sur les pôles du territoires ou le pôle externe le plus proche. La 3CBO a d’ores et déjà fait un premier pas en direction d’une sortie du « tout voiture » en inscrivant à son budget le déploiement de trois nouveaux véhicules en autopartage.
Avec le concours de la Région et du Département, l’EPCI pourrait continuer de déployer les trois piliers précités et restructurer l’organisation territoriale autour d’un projet de mobilité durable et transformateur. Vous souhaitez, vous aussi, prendre le virage vers la sortie du « tout voiture » ? Contactez-nous ici : https://www.bl-evolution.com/contact/